Nous avons tous et toutes des droits. Nous avons également des obligations à remplir les uns envers les autres. Au fil du temps, nous avons compris que les droits de la personne constituaient le fondement d’une société libre et démocratique.

Enseigner les droits de la personne, c’est enseigner non seulement les « connaissances et compétences » nécessaires pour protéger et faire respecter les droits de la personne dans la vie de tous les jours, mais aussi les « valeurs, attitudes et comportements » qui soutiennent ces droits, et les « gestes » à poser pour les défendre et les promouvoir.

L’enseignement des droits de la personne est axé non seulement sur la matière à enseigner, mais aussi sur la façon d’enseigner la matière. Les méthodes pédagogiques doivent embrasser les valeurs inhérentes aux droits de la personne, encourager la participation et la réflexion critique, et favoriser un environnement d’apprentissage inclusif et exempt de discrimination.

Enseigner les droits de la personne peut représenter tout un défi, même pour les personnes et les groupes les plus motivés. Il faut en effet être prêt à participer à des discussions courageuses qui peuvent être particulièrement animées aux paliers intermédiaire et secondaire, où les élèves sont capables de soulever des problèmes complexes et de poser des questions difficiles. Afin d’éveiller l’intérêt des élèves pour les droits de la personne, les enseignantes et enseignants doivent adopter une pédagogie axée sur ces droits.

Pour ce faire, il faut d’abord comprendre qu’il ne suffit pas d’enseigner aux élèves les principes généraux des droits de la personne ou de certains droits seulement. Il faut créer un environnement propice à l’apprentissage où les élèves peuvent faire un lien entre ce qu’ils apprennent et ce qu’ils vivent, et où ils peuvent, par le fait même, s’épanouir pour devenir des citoyennes et citoyens éclairés et voués à la justice sociale et à la défense des droits de la personne. C’est ici qu’intervient la notion de responsabilité.

Méthodes d’enseignement et stratégies d’apprentissage

Les enseignantes et enseignants sont des modèles. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il est question de droits de la personne. Ils doivent donner l’exemple et respecter les valeurs sur lesquelles s’appuient ces droits. Dans une salle de classe accueillante et ouverte, où des idéaux et des principes comme l’équité, la diversité et l’inclusion sont la norme, les droits de la personne règnent naturellement.

Un grand nombre de stratégies d’apprentissage peuvent aider les élèves à devenir des citoyennes et des citoyens voués à la défense des droits de la personne. Elles reposent habituellement sur le fait que l’enseignante ou l’enseignant agit comme facilitateur d’un apprentissage centré sur l’élève. Elles supposent aussi  :

• un climat de coopération et de collaboration
• un apprentissage par la découverte et par projets
• une réflexion critique
• le respect des points de vue
• l’authenticité et la pertinence

Les activités proposées sont destinées à favoriser des changements à plusieurs niveaux : une participation plus active à l’école, dans la communauté et dans la famille; une meilleure collaboration et un meilleur esprit d’équipe; un plus grand respect de la diversité et des différences; une inclusion et une acceptation plus grandes des autres; une meilleure capacité d’exprimer ses sentiments et de prévenir et résoudre pacifiquement les conflits; et un sens aigu des responsabilités. Les élèves peuvent ainsi mettre en pratique ce qu’ils ont appris dans d’autres contextes, surtout à la maison, avec leurs amis ou dans la communauté.

Créer les conditions propices aux discussions sur les droits de la personne

Les enseignantes et enseignants doivent faire preuve de courage pour engager des discussions sur les droits de la personne. En effet, ces discussions peuvent être difficiles, entre autres parce qu’elles les confrontent à leurs propres valeurs et préjugés. L’enseignement des droits de la personne passe également par une approche globale : on ne peut pas enseigner chaque droit isolément. Les droits de la personne sont interreliés, interdépendants, indivisibles et inaliénables.

Les questions controversées font nécessairement partie de l’enseignement des droits de la personne. Les enseignantes et enseignants doivent chercher à créer les conditions nécessaires pour que les élèves engagent un dialogue sur les valeurs, les croyances et l’éthique dans un esprit de convivialité et de respect.

Voici quelques conseils à suivre si des questions controversées se posent en salle de classe :

• Aborder le sujet avec délicatesse
• Définir clairement la question
• Expliquer clairement l’objet de la discussion
• Établir les paramètres de la discussion
• Veiller à ce que la discussion ne prenne pas un tour personnel et ne cible pas un élève en particulier
• Protéger les élèves en vérifiant à l’avance si la discussion ne risque pas de faire du tort à l’un ou l’une d’eux
• Faire preuve de souplesse en permettant aux élèves de choisir d’autres travaux
• Accepter le fait qu’il n’y ait pas forcément de bonne ou de mauvaise réponse
• Respecter le droit des élèves d’exprimer leurs opinions
• Aider les élèves à bien reconnaitre la différence entre une opinion avisée et une idée préconçue
• Aider les élèves à chercher de l’information fiable qui vient appuyer les divers points de vue
• Prévoir assez de temps pour présenter tous les points de vue pertinents et réfléchir à leur bienfondé

Dans la salle de classe, vous pourriez être confronté au phénomène de l’autre, c’est-à-dire une attitude voulant qu’on pense qu’une personne ou un groupe n’est pas comme nous ou ne fait pas partie du « monde ordinaire » et est donc perçu comme n’étant pas « l’un de nous ». On voit « l’autre » comme moins humain ou moins digne de considération et de respect.

Les élèves doivent savoir que les différences et les désaccords font partie de la vie en démocratie. Pour les aider à devenir des citoyennes et citoyens éclairés, il faut savoir créer un climat où :

• la salle de classe devient un lieu où l’on ne porte pas de jugement, où le respect est assuré et où les élèves se sentent à l’aise pour examiner et exprimer des idées et des opinions sans crainte de moqueries ou de représailles;
• l’enseignement offre aux élèves la possibilité de développer et d’utiliser leur pensée critique et de faire preuve d’ouverture d’esprit;
• l’enseignement fait appel à des stratégies centrées sur les élèves, axées sur de vrais problèmes qui les préoccupent;
• l’enseignement donne aux élèves des possibilités réelles de sortir de leur zone de confort et d’apprendre à faire tomber les barrières qui les séparent de « l’autre ».