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À la défense des droits de la personne
Entrevue
Rick Hansen

Rick Hansen Inclusion pour tous et toutes

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ANNÉES 5 à 12  /  DURÉE SUGGÉRÉE = Cinq classes de 60 minutes

« Quand quelque chose ne va pas, vous avez deux choix. Vous pouvez l’accepter et vous plaindre, ou vous pouvez passer à une autre étape et agiri. »

Rick Hansen avait parcouru 34 pays en un an et demi, en propulsant son fauteuil roulant à la seule force de ses mains, de ses bras et de ses épaules. Et là, il a lâché, envahi par un sentiment d’échec.

Après tout le soutien qu’il avait reçu de millions de personnes en Chine, le silence de la Floride, un État du continent où il est né, était assourdissant. Il a eu mal.

« J’étais complètement démoli, explique Rick Hansen. Ce voyage, je ne l’avais pas fait seulement pour pouvoir dire que j’avais propulsé mon fauteuil roulant autour du monde, mais pour changer les choses. J’ai commencé à perdre espoir et à douter que mes efforts aient une quelconque influence. »

Amanda, la physiothérapeute de l’équipe et la petite amie de Rick Hansen, refusait cette vision des choses. Le regardant droit dans les yeux, elle lui a dit : « Si tu abandonnes maintenant, tu ne sauras jamais si tes efforts auront les résultats que tu espérais. »

Rick Hansen a donc repris son fauteuil roulant.

Entre ce matin de l’été 1986 et le printemps de 1987, l’athlète paralympique a propulsé son fauteuil roulant jusque chez lui, en Colombie-Britannique. Il a longé la côte est des États-Unis et traversé ensuite les provinces canadiennes.

La Tournée mondiale Rick Hansen avait comme objectif de faire comprendre aux populations du monde que les personnes handicapées sont des personnes capables. Rick Hansen et son équipe ont aussi recueilli ce faisant 26 millions de dollars pour la recherche et les programmes sur les lésions médullaires.

« Cette conversation avec ma physiothérapeute, alors mon amie de cœur et ma meilleure amie, a probablement été la plus importante manifestation de soutien que j’ai jamais reçue », dit-il en pensant à Amanda qu’il a épousée dès son retour de Tournée. « Heureusement qu’elle était là, parce que je n’ose imaginer tout ce qui ne se serait pas passé si j’avais laissé le désespoir l’emporter. »

Rick Hansen avait 15 ans quand sa vie a changé du jour au lendemain.

Grand sportif, il rêvait de faire le tour du monde en vélo avec ses amis et de participer aux Jeux Olympiques. Par la suite, il espérait revenir à l’école pour devenir enseignant d’éducation physique.

Et puis, un soir de l’été 1973 après un voyage de pêche, Rick et un ami ont sauté à l’arrière d’un petit camion pour retourner chez eux à Williams Lake, en Colombie-Britannique. Le camion a fait une embardée avant de foncer dans un arbre. Rick et son ami ont été éjectés.

Son ami s’en est sorti indemne, mais Rick n’a plus jamais marché.

L’accident l’a laissé paralysé à partir de la taille et incertain de son avenir. Longtemps, il a pensé que ses rêves étaient choses du passé.

« J’aurais tout vendu pour récupérer l’usage de mes jambes, même mon âme. C’est que j’avais tout misé sur mes jambes. »

Après sept mois de réadaptation, Rick a quitté Vancouver pour retourner à Williams Lake. Stan Stronge, un paraplégique de 40 ans qui travaillait comme conseiller à l’association des paraplégiques, est venu lui rendre visite. Il a vite invité Rick à faire partie de son équipe de basketball en fauteuil roulant.

« [Stronge] refusait de capituler, d’oublier à quel point il aimait la vie, d’abandonner ses passions… Il était d’un optimisme contagieux », se rappelle Rick. En plus, Stan Stronge avait le virus de l’activisme et Rick l’a attrapé.

Pour la première fois, Rick a pris conscience du fait qu’il devait cesser de se croire limité à cause de ses jambes.

« Sans cette prise de conscience, j’aurais trouvé normale cette acceptation résignée de l’impuissance vis-à-vis de moi-même mais aussi vis-à-vis des autres personnes handicapées. »

Se rendre compte du préjugé qu’il entretenait lui-même à l’égard des handicaps a été un premier pas. C’est vers les 18-19 ans que Rick a trouvé comment combattre ce préjugé chez les autres. Il voulait aider les gens à voir les personnes handicapées dans leur intégralité et à comprendre leurs difficultés.

Avec le soutien de Stan Stronge, il a démarré une nouvelle vie. Il a commencé par terminer ses études en éducation, puis il a participé aux Jeux Paralympiques. Il a ensuite réfléchi à la manière de réaliser autrement son rêve de faire le tour du monde en vélo avec ses amis et il l’a fait en fauteuil roulant, avec l’idée de sensibiliser les populations du monde entier aux capacités des personnes handicapées comme lui ou autrement.

« J’ai vraiment dû creuser profondément à l’intérieur de moi pour comprendre qu’il est possible de souffrir, d’avoir un handicap et d’être quand même un être humain à part entière, révèle-t-il. Même avec un handicap, on peut aimer et recevoir l’amour, et la vie peut avoir un sens. On peut faire toutes les choses qu’on veut, même si cela veut parfois dire qu’il faut les faire différemment. »

Rick Hansen dit que ses coéquipiers et ses modèles ont joué un rôle fondamental durant son voyage. Il a eu besoin d’aide et d’inspiration tandis qu’il poursuivait son chemin, « avec ses verrues et tout le reste », comme il aime à dire.

Aux côtés de Stan Stronge, Rick a bénéficié de l’appui de son professeur d’éducation physique qui le poussait à continuer son entrainement et son travail d’enseignant. Fort de ses encouragements, Rick Hansen en a appelé de la décision initiale de l’université de ne pas l’admettre aux programmes d’éducation physique en raison de son handicap.

Une autre de ses sources d’inspiration a été Terry Fox, son ami et un coéquipier qu’il avait invité à joindre son équipe de basketball en fauteuil roulant. Les efforts de Fox pour aller au bout de son Marathon de l’espoir en 1980 ont vraiment convaincu Rick qu’il devait entreprendre son tour du monde, ce qu’il a fait en 1985.

Pendant la Tournée, Rick est apparu devant des millions de personnes. Il a parcouru des routes du monde entier en propulsant son fauteuil. Une roulotte le suivait sur laquelle étaient écrits les mots « Man in Motion World Tour » (Tournée mondiale de l’homme en mouvement) et « Rick Hansen » au-dessus, comme l’avait demandé avec insistance la personne qui avait fourni la roulotte.

« Les gens ne se sentent pas concernés par les slogans », lui avait expliqué Jim Pattison. Par contre, ils ont soif de liens avec les autres. Toi, tu apportes un message. Les gens voudront établir un lien avec toi et les autres. »

Depuis, Rick Hansen est apparu devant des millions d’autres personnes. Un des évènements marquants auquel il a fait référence a été l’accueil, en 1992, des 3 000 délégués et déléguées des Nations Unies venus à Vancouver pour clôturer la Décennie des Nations Unies pour les personnes handicapées. De voir ces activistes et défenseurs et défenseuses du droit à l’accessibilité venus de tous les horizons pour faire avancer les choses ensemble a été un moment très inspirant.

« Ce genre d’évènement donne tout son sens au long voyage que j’ai entrepris, explique-t-il, et me redonne la motivation dont j’ai besoin pour passer par-dessus les frustrations. »

Et ce voyage que Rick a entrepris, il le continue encore aujourd’hui, mais d’être le champion canadien du droit à l’accessibilité n’a jamais été pour lui une chose facile ou naturelle. Il accepte simplement ce rôle en disant : « C’est ce qui doit être. »

« J’espère que ce mouvement mondial se poursuivra longtemps après ma mort et qu’il prendra de plus en plus de force et d’ampleur, tandis que les êtres humains trouveront des moyens toujours plus novateurs et puissants de se regrouper autour d’une action commune. »

Il reste des barrières à abattre et des défis à relever. Nos succès, rappelle Rick Hansen, dépendront entièrement, comme au basketball et au volleyball, du travail d’équipe.

« Actuellement, on sépare les handicaps selon la maladie, la condition ou la partie du corps atteinte. Par exemple, vous pouvez avoir une lésion médullaire ou une sclérose latérale amyotrophique, ou encore vous pouvez être simplement aveugle. Quand le système est ainsi fragmenté, il est difficile de réaliser des transformations qui profitent à l’ensemble des personnes handicapées. Mais si nous travaillons ensemble à la réalisation de l’objectif commun que serait l’élimination de tous les obstacles qui se dressent dans la vie des personnes handicapées, alors tout est possible. »

« D’après l’Organisation mondiale de la Santé, la planète compte aujourd’hui 1,2 à 1,3 milliard de personnes handicapées. Nous constituons en quelque sorte la plus importante minorité du monde. Nous aimerions que le reste du monde commence à voir les choses de cette façon. »

« Je connais des moments d’embarras. Je me dis : “ Quel imbécile je suis! ”, “Quel naïf! ”, “ Quel…! ” Et puis, il y a des moments de fierté. “ Quel type solide! ” Mes progrès, je les dois tout autant à mes erreurs, à mes introspections, à mes prises de conscience qu’à mes succès. Quand je regarde en arrière, je souris. Parfois, je suis même fier. “ Vas-y mon gars, vas-y! ”. »

« Je me soucie davantage de repérer les obstacles qui nous empêchent collectivement de bâtir le Canada que nous voulons et de travailler ensuite à l’élimination de ces obstacles. Plus de gens se sentiront appelés à faire ce travail, le mieux ce sera, parce qu’ensemble nous serons plus forts. »


i Note de la traductrice : Toutes les citations sont traduites librement.