Samantha Nutt a fondé War Child Canada en 1999. C’est après avoir vu, à l’âge de 25 ans, la vulnérabilité des enfants et des familles dans les pays déchirés par la guerre, en particulier la Somalie, qu’elle a cherché une approche populaire pour répondre aux besoins humanitaires. Ce qui au départ était un projet mené en solo par une jeune médecin — Samantha Nutt — est devenu plus de 15 ans plus tard une importante organisation reconnue à l’échelle internationale en grande partie grâce au soutien de musiciennes et musiciens canadiens ayant une carrière internationale. Attirée par le côté humanitaire de la médecine, Samantha Nutt est déterminée à bâtir des communautés fortes jusqu’à ce que son travail devienne inutile, à travailler avec des groupes locaux jusqu’à ce que War Child devienne obsolète. Reconnue pour son franc parler, Samantha Nutt est devenue l’une des voix les plus influentes du Canada en ce qui a trait aux effets de la guerre sur les femmes et les enfants. Elle a reçu l’Ordre du Canada et la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en reconnaissance de son travail.
Min Sook Lee s’intéresse à l’effet de la structure des États et de la dynamique du pouvoir sur les droits de la personne. Ses films documentaires portent en grande partie sur les groupes marginalisés. La documentariste a notamment tourné trois films sur les travailleuses et travailleurs migrants : El Contrato et Borderless — au sujet des travailleurs migrants — et Migrant Dreams — à propos des travailleuses migrantes qui viennent au Canada pour soutenir leurs familles, un film pour lequel Min Sook Lee a recueilli 15 000 $ à l’aide d’IndieGoGo. Son film El Contrato a remporté le prix Black Eagle de César E. Chávez pour avoir contribué à faire mieux respecter les droits des travailleuses et travailleurs migrants. Instructrice de documentaires à l’Université Ryerson et juge au Festival international du film de Toronto, Min Sook Lee respecte les règles d’éthique et s’assure de protéger les personnes qu’elle filme, parmi lesquelles des travailleuses et travailleurs migrants, mais également des agents de police gais et des personnes qui ont fui la Corée du Nord.
Poète autochtone ñuu savi originaire d’Oaxaca, au Mexique, Raul Gatica est un ancien coordonnateur de l’Agricultural Workers Alliance de Surrey (Colombie-Britannique) et défenseur des travailleuses et travailleurs migrants. De par ses fonctions, il a représenté des travailleuses et travailleurs agricoles migrants auprès de leurs patrons et de la population en général. Raul Gatica dirige maintenant une émission de radio en langue espagnole, Ecos de mi pueblo, qui offre du contenu culturel et des analyses critiques, tout spécialement aux communautés autochtones. L’émission invite des travailleuses et travailleurs, des activistes et des universitaires à discuter des problèmes que rencontrent les Autochtones et les travailleuses et travailleurs agricoles. Raul Gatica a reçu la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012 en reconnaissance de son travail.
L’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry soutient les femmes qui sont prises en charge par le système de justice pénale ou à risque de l’être. Elizabeth Fry, une quaker britannique qui, au XIXe siècle, s’est employée à soutenir les femmes incarcérées dans des asiles pour les pauvres, est la source d’inspiration des sociétés. D’un bout à l’autre du Canada, 24 sociétés membres communautaires autonomes mènent des recherches et offrent des programmes, dont des programmes de counseling, de réinsertion et de soutien devant les tribunaux. Les sociétés Elizabeth Fry, dont la première a été fondée en 1939 par la députée Agnes Macphail, s’appuient sur des principes comme la justice, le respect de la vie privée, la réalité et l’honnêteté. En plus de soutenir les femmes à risque, elles sensibilisent la population aux difficultés que rencontrent ces femmes.
Fondatrice de la section vancouvéroise de l’organisme No One Is Illegal, Harsha Walia est une militante pour la justice sociale originaire de l’Asie du Sud qui axe son action sur la solidarité avec les populations migrantes et autochtones, ainsi que sur l’élimination de la violence fondée sur le sexe, en particulier dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver. No One Is Illegal fournit un appui direct aux communautés réfugiées et autochtones, et sensibilise la population aux défis que doivent relever ces deux groupes. Harsha Walia elle-même s’inspire de la bataille que son grand-père a menée contre l’Empire britannique des Indes avant leur partition. Son livre, Démanteler les frontières contre l’impérialisme et le colonialisme, publié en anglais en 2013 (2015 pour la version française), est à la fois un outil de sensibilisation aux déplacements massifs et un guide pour créer des mouvements.
Marchons avec nos sœurs est une installation artistique collaborative qui rend hommage aux plus de 1 100 femmes autochtones assassinées ou portées disparues depuis les 30 dernières années. Ce projet utilise des empeignes (dessus de mocassins) pour représenter chacune de ces femmes. Chaque mocassin inachevé symbolise une vie inachevée. En 2012, l’artiste métisse Christi Belcourt a lancé un appel aux dons sur Facebook dans l’espoir de recueillir des empeignes spécialement confectionnées pour ce projet. Un peu plus d’un an plus tard, elle en avait reçu 1 600 paires, soit plus du double de son objectif initial de 600. L’installation, qui se déplace en Amérique du Nord, a pour but non seulement de nous rappeler les disparues et de soutenir les familles, mais également de sensibiliser la population au mystère qui entoure un grand nombre des disparitions de femmes.
Militante vouée à la défense des sans-abris, Karen O’Shannacery a travaillé à la Lookout Emergency Aid Society de Vancouver à partir de la création de l’organisme en 1971 jusqu’à son départ à la retraite en 2014. La Lookout Society offre aux personnes à faible revenu ou sans revenu de l’hébergement et des services de soutien, dont des lieux de rencontre pour les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, des services de santé, des services de counseling en matière de toxicomanie ainsi que de la formation culinaire et technique. Elle aide ces personnes, dont les besoins sont très divers, à retrouver une certaine stabilité et à améliorer leur qualité de vie en leur fournissant, sans porter de jugement, des services souples. Inspirée par les difficultés qu’elle a elle-même vécues dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver, où elle a déjà gagné sa vie en vendant de la drogue, Karen O’Shannacery est convaincue que le logement est à la fois la première étape vers l’autonomie et un droit. Elle n’a révélé son passé qu’après son départ à la retraite en 2014.
Hannah Taylor milite en faveur des sans-abris et des personnes qui ont faim depuis le jour où elle a vu, à l’âge de 5 ans, un homme qui fouillait dans une poubelle à la recherche de nourriture. Son œuvre de bienfaisance, la Ladybug Foundation, qu’elle a fondée à Winnipeg à l’âge de 8 ans, défend les droits fondamentaux de la personne que sont le droit à un logement convenable et le droit à une nourriture suffisante. Aujourd’hui âgée de 18 ans, Hannah Taylor mène divers programmes, dont le Ladybug Foundation Education Program, qui comprend l’outil makeChange destiné aux classes de la maternelle à la 12e année et qui a pour but de donner aux jeunes des moyens d’agir. Son travail, y compris plus de 175 conférences, a permis de recueillir plus de trois millions de dollars pour des projets visant à aider les sans-abris à obtenir un logement, de la nourriture et davantage de sécurité.
Chelsea Noel travaille avec la communauté étudiante du Campus Grenfell de l’Université Memorial pour favoriser l’acceptation de la communauté allosexuelle. Élevée comme une fille sans en avoir eu le choix, Chelsea Noel se définit plutôt comme une personne trans, c’est-à-dire une personne qui n’est pas exclusivement une femme ou un homme, et préfère utiliser le pronom they (qui n’a pas d’équivalent français, puisque la troisième personne du pluriel se décline en « ils » ou « elles »). Victime de discrimination en raison de son identité, Chelsea Noel a connu des problèmes de toxicomanie et a même été victime d’une agression sexuelle pendant une période d’ébriété. C’est l’art qui a amené Chelsea Noel à la sobriété et à l’activisme. Chelsea Noel croit fermement au pouvoir de la solidarité et travaille avec la population étudiante du Campus Grenfell pour susciter une prise de conscience et donner de l’espoir, et fait passer une grande part de son activisme par l’art. En 2014, dans le cadre de sa campagne nationale Hear My Story, le Fonds Égale Canada pour les droits de la personne a reconnu l’histoire et le travail de Chelsea.
Greg Masuda est un cinéaste et photographe canadien d’origine japonaise qui s’intéresse aux déplacements et à la dépossession, en particulier dans l’histoire des Canadiens et Canadiennes d’origine japonaise. Son premier projet d’envergure sur le sujet a été un projet de photographie appelé Dispossession (dépossession), qu’il a créé avec les conseils d’une collègue militante, Lily Shinde, qui a été pour lui une source d’inspiration. Son projet a su attirer l’attention de la communauté et, après son installation, Greg Masuda a continué sur sa lancée pour réaliser un court documentaire sur l’histoire des Canadiennes et Canadiens d’origine japonaise depuis leur internement jusqu’à aujourd’hui. Mettant en scène une entrevue avec Arthur Miki, Children of Redress a été diffusé sur la chaine Knowledge Network en 2014. Greg Masuda travaille en ce moment à un projet multimédia sur l’histoire culturelle de la communauté canadienne japonaise de Vancouver.
Enfant, Lily Shinde a souvent été victime d’intimidation fondée sur la race. Cette Canadienne d’origine japonaise est plus tard devenue convaincue de l’importance de défendre les droits des femmes de couleur. Lily Shinde milite et présente des exposés depuis les années 1980. Elle a notamment fondé les groupes Third World Women et Women of Colour, à Vancouver. Lily Shinde est aujourd’hui une spécialiste réputée des questions nippo-canadiennes, à laquelle on fait souvent appel. Elle a joué un rôle dans la politique nippo-canadienne et a donné un original cours d’anglais féministe au Japon. Elle concentre actuellement ses efforts sur les problèmes de vie liés à la discrimination, les déplacements qui ont toujours cours dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver et les liens de solidarité avec les peuples salish du littoral.
Lieutenant-général et sénateur à la retraite, Roméo Dallaire est connu dans le monde entier pour le leadeurship dont il a fait preuve pendant la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda en 1993 et 1994. Soucieux de mettre fin au massacre de Tutsis et de Hutus modérés, il a été témoin des horreurs du génocide. Ce qu’il a vu a provoqué chez lui un grave état de stress post-traumatique qui a mis fin à sa carrière militaire. Cette expérience lui a aussi donné la détermination d’apporter des changements aux mesures de prévention des génocides et de changer la vie des personnes touchées par la guerre. Il a créé l’Initiative Enfants soldats, qui vise à mettre fin à la participation des enfants à la guerre, et a codirigé le projet La volonté d’intervenir, qui étudie les moyens de prévenir le génocide et en fait la promotion.
El Jones, poète officielle de la ville d’Halifax depuis 2013, est une slameuse et militante afro-métisse qui a trouvé un lien de solidarité avec [traduction libre] « la tradition politique et prophétique de la Nouvelle-Écosse africaine ». L’activisme d’El Jones est né de son art. Celle-ci a commencé à militer pour apporter de la sincérité à ses mots. Elle a trouvé sa voie dans l’action auprès de personnes incarcérées et la mobilisation des jeunes. Elle a créé un genre de slam qui vise à donner aux Néoécossais et Néoécossaises d’origine africaine des moyens de s’affirmer, et qui est accessible aux personnes dont la capacité de compréhension en lecture est faible. En 2014, elle a publié son premier livre de poèmes, Live From the Afrikan Resistance!, qui cherche tant à sensibiliser la population qu’à lui donner des moyens d’agir.
Constatant le prix exorbitant des aliments à Iqaluit (Nunavut) et la difficulté des familles inuites à mettre de la nourriture sur la table, Leesee Papatsie a créé le mouvement Feeding My Family sur Facebook en 2012. Elle a choisi d’utiliser les médias sociaux afin d’unir les communautés isolées du Nord. Le groupe compte maintenant plus de 20 000 membres qui ont organisé des manifestations et encouragé un retour à une nourriture locale, c’est-à-dire à un régime alimentaire plus traditionnel fondé sur une nourriture qui vient directement du Nord. Le mouvement de Leesee Papatsie cherche à combiner la communication moderne et la tradition inuite en unissant les gens du Nord et en encourageant les fournisseurs d’aliments à trouver des moyens d’offrir de meilleurs aliments à de meilleurs prix.
Lancé à l’occasion d’un séminaire par Nina Wilson, Sheelah Mclean, Sylvia McAdam et Jessica Gordon, de la Saskatchewan, à la fin de 2012, le mouvement Idle No More est un mouvement populaire national qui vise à renforcer la souveraineté autochtone en faisant pression de manière pacifique sur le gouvernement canadien pour que celui-ci protège les droits issus des traités et l’environnement. Le mouvement a attiré l’attention de tout le pays lors de sa première journée d’action, le 10 décembre 2012, à l’occasion de laquelle il a exhorté le gouvernement fédéral à protéger les terres et les droits des Autochtones, et à abandonner le projet d’oléoduc Northern Gateway. Grâce à la couverture médiatique et aux médias sociaux, le mouvement Idle No More s’est répandu dans tout le Canada et continue de susciter la discussion sur les droits autochtones.
Le chef Darcy Bear a été élu chef de la Première Nation de Whitecap Dakota pour la première fois en 1991. Alors âgé de 23 ans, il entrait en fonction dans un conseil de bande aux prises avec un déficit. Darcy Bear a toujours concentré ses efforts sur le développement et l’autodétermination des Autochtones. Pendant plus de 20 ans, il a travaillé au redressement de l’économie et à l’amélioration de la qualité de vie dans sa communauté. Au nombre de ses réalisations les plus remarquables figurent la baisse du taux de chômage, qui est passé de 70 à 4,1 %, la mise en place d’un code foncier autonome et une plus grande transparence dans les dépenses de la bande. Sous la direction de Darcy Bear, la bande exploite maintenant un terrain de golf, ce qui donne à la communauté plus d’emplois qu’elle a de membres. Le chef Bear est déterminé à renforcer les économies des Premières Nations de l’intérieur en tant que partie intégrante de l’économie canadienne générale.
Membre de la nation dénée, Stephen Kakfwi est un militant, un musicien, un ancien politicien et un survivant des pensionnats indiens. Connu pour son approche directe, il a aidé les peuples autochtones des Territoires du Nord-Ouest à renforcer leur capacité à jouer un rôle dans les dossiers politiques, en particulier ceux du pipeline de la vallée du Mackenzie et de l’établissement du territoire du Nunavut. Stephen Kakfwi a été président de la nation dénée et premier ministre des Territoires du Nord-Ouest. Il s’emploie à équilibrer, d’une part, la préservation de la culture, de la langue, de la tradition et de l’environnement autochtones, et, d’autre part, l’entière participation des Autochtones à la vie politique et économique générale. Il a reçu le Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (fonction publique) en 1997.